Résurrection nos 120-121

RESURRECTION : UNE AVENTURE  INTELLECTUELLE ET SPIRITUELLE

Résurrection vient de fêter un demi-siècle et près de deux cents numéros ; ce n'est qu'une date, mais qui permet de mesurer le chemin parcouru, pour mieux voir la route à suivre pour la suite. 

Il m'a été donné d'accompagner l'aventure de Résurrection depuis quarante ans - ce qui n'est pas la totalité de son histoire, mais s'en rapproche ! - d'abord comme étudiant, comme jeune rédacteur, puis comme aumônier et enfin comme directeur (jamais comme rédacteur en chef). Mgr Charles, avant de quitter Montmartre en 1985, avait voulu que je prenne sa suite et devienne le «directeur gérant» de la publication, avec la charge de veiller à sa ligne doctrinale, me transmettant (de quel droit ? je ne le sais toujours pas) la fameuse mention cum permissu superiorum, qui, depuis les jours du Centre Richelieu, équivalait à une sorte d'imprimatur, confié par l'autorité diocésaine. Le Cardinal Feltin, à l'époque, sans doute lassé de devoir, faire examiner chaque numéro, avait confié au sourcilleux chanoine dont l'orthodoxie ne faisait guère de doute la charge d'être lui-même censeur de ses propres publications. 

De cet observatoire, il m'a été donné de voir se succéder, avec des bonheurs variables, des équipes de rédaction sans cesse en renouvellement, où se sont croisés des centaines de jeunes intelligences, dont bien des noms aujourd'hui célèbres. Luc Perrin a réussi à faire vivre cette histoire en la remettant en perspective avec une autre histoire, celle de l'Église de France dans ces années troublées. Je n'y reviendrai donc pas. 

Je voudrais, en ce tournant des cinquante ans, marquer quelques traits durables de cette aventure intellectuelle et spirituelle, comme une physionomie qui détermine, sans l'enfermer, la vie de la revue. Résurrection est né, on le sait, on l'a dit, dans le sillage de ce qu'il est convenu d'appeler la «nouvelle théologie», celle des de Lubac, des Daniélou, des Balthasar et des Bouyer. Jamais la revue n'a renié cet héritage, qui la marque encore aujourd'hui plus qu'on ne le croit. Sa position vis-à-vis de l'histoire a été d'emblée ouverte, elle n'a pas vu dans les recherches critiques d'abord une menace pour les données de la foi, mais bien une aide pour percevoir l'essentiel de la Tradition. Elle a suivi le dialogue avec des disciplines universitaires, qui ont marqué le renouveau des recherches patristiques, médiévales, etc... et elle s'en est nourrie. 

Cliquez ici pour récupérer la version complète en PDF