Résurrection 12 (4ème trimestre 1959) : LA PRIERE
SOMMAIRE
Editorial
Pages 1 à 2
Pierre LEVAUD
La prière saisie de Dieu ou saisie par Dieu
Pages 3 à 7
Michel NAVARRE
A qui s’adresse la prière ?
Pages 8 à 10
Jacques de LA MORANDIERE
La prière dans l’Ancien Testament
Pages 11 à 19
Gabriel MARECHAL
Jésus, le religieux de Dieu
Pages 20 à 25
Michel ROUCHE
Il y a plusieurs spiritualités
Pages 26 à 35
Quelques beaux textes sur la prière
Pages 36 à 39
François LEFORT
La prière de l’Eglise est plus large que la mienne
Pages 40 à 43
Jean DUSUD
La mystique, ce n’est pas pour moi !
Pages 44 à 47
Henri LESTISSAC
Techniques de la prière
Pages 48 à 56
Robert CAZES
Le Pater
Pages 57 à 64
XXX
Action ou contemplation ?
Pages 65 à 69
Maxime CHARLES
Dossier théologique : le Couple
Pages 70 à 78
Courte bibliographie sur la prière
Pages 79 à 80
Garanties sécurité
(Le dialogue avec Dieu est-il possible ?)
80 pages
Éditorial
Le dialogue avec la divinité a été, à travers l'histoire des hommes, un de leurs grands problèmes. Les religions y ont apporté leurs réponses différentes. Le monde moderne, avec ses exigences et ses peurs d'être dupe, avec son rythme et l'épuisement qu'il entraîne fait retentir contradictoirement des accusations et des plaidoyers quand il juge de la prière.
Ses griefs se parent d'arguments scientifiques. La prière ne serait que l'expression chez l'homme condamné à une solitude qui lui pèse, de son besoin d'avoir contact avec un autre capable de faire attention à lui. Parce que mon « moi » ne se constitue que dans un dialogue avec un « toi », la prière serait une tentation pour obtenir une sorte de contact avec un partenaire illusoire dont les faibles ne peuvent se passer, incapables d'assumer la tristesse de leur solitude et de leurs limites. À cela, on peut répondre que les attaques contre une caricature n'affectent pas la réalité elle-même, que la prière est différente des déviations qui portent son nom, et que ce besoin d'une communion avec un autre qui me dépasse et me comble, bien loin de susciter cet autre que je fais exister parce que je le désire, est le signe de sa réalité et que je ne le désire que parce qu'il existe.
Mais si certains rejettent l'expérience de la prière, par peur de n’étreindre qu’eux-mêmes, beaucoup sentent confusément son intérêt de plus en plus vital. L'agitation, la dispersion de la vie citadine rendent désirables le recueillement, le silence intérieur où la personne peut se retrouver, se « recueillir », prendre conscience de sa marche, vaincre le tourbillon qui entraîne et dépersonnalise.
À vrai dire, le chrétien, s'il est sensible au courant d'idées qui traversent le monde où il est plongé, et qui l’affectent lui-même, partiellement, tire de plus loin qu’eux ses jugements sur la prière. Les sévérités sur des déviations, toujours latentes mais jamais invincibles, ne font que souligner des dangers, sans affecter la vraie prière qui est réponse à un appel, bien plus que cri de l'homme vers un vide qu'il veut meubler. L'estime du recueillement et du silence manifeste les dimensions spirituelles de l'homme, mais a besoin de se préciser pour être plus qu'une hygiène mentale.
Dieu seul parle bien de Dieu. C'est lui qui peut nous apprendre ce qu'est la prière qui s'adresse à lui. Elle est moins un effort pour l'atteindre que l'accueil de sa présence nous soulevant vers Lui (article du P. Levaud, p. 3) ; elle est moins recherche de mon achèvement, que regard émerveillé vers Lui, quand il a révélé sa splendeur (article de M. Navarre, p. 8) ; les saints hommes de l'Ancien Testament et leurs cris inspirés (article de J. de la Morandière, p. 11) ; Jésus surtout avec son exemple privilégié (article de G. Maréchal, p. 20) montrent la prière qui plaît à Dieu. L'Eglise à leur suite, à travers vingt siècles d'expérience, découvre sous le souffle de l'Esprit-Saint, les modes variés et les étapes d'une prière qui veut prolonger celle que l'Ecriture a définie (article de M. Rouche, p. 26, et de F. Lefort, p. 40). Prière qui concerne tout chrétien, sans que ses formes supérieures soient réservées à une caste de professionnels privilégiés (article de J. Dusud, p. 44), et que des méthodes facilitent, car la grâce n'est pas exclusive d’une certaine technique et qu'elle suscite (article de H. Lestissac, p. 48). Une étude exégétique sur le Notre Père (article de R. Cazes, p. 57), montre que les mots ont plus de richesse que la routine ne le fait apercevoir. Un témoignage de laïc termine cet ensemble par une note personnelle intéressante.
Le dossier théologique sur le couple répond un problème très actuel du monde contemporain et veut montrer que l'homme de prière ne se perd pas dans une contemplation qui n'apporterait pas de lumières aux questions toujours délicates que pose la vie quotidienne.