RESURRECTION 13 (1er trimestre 1960) : LE PRETRE ET NOUS
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RESURRECTION 13 (1er trimestre 1960) : LE PRETRE ET NOUS

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SOMMAIRE

Maxime CHARLES

Editorial

Page  1 à 5

Michel de LA PALUD – Michel TANOINE

Le médiateur

Page 6 à 16

Stéphane BEL

L’homme de Dieu dans la Bible

Pages 17 à 32

Michel ROUCHE

Le prêtre chez les pères de l’Eglise

Pages 33 à 40

Maxime CHARLES

Spiritualité sacerdotale d’après Bérulle et Bourgoing

Pages 41 à 47

Marcel MARTIN

Vocation

Pages 48 à 55

Gabriel MARECHAL

Le sacerdoce des laïcs

Pages 56 à 66

Paul BREVENT

Présent et séparé

Pages 67 à 71

André BORDEAUX

Le prêtre qui n’existe pas

Pages 72 à 77

Pierre et Geneviève BOISARD

Pierre, Geneviève et le prêtre

Pages 78 à 85

XXX

Messe de Notre-Seigneur Jésus-Christ, prêtre suprême et éternel

Pages 86 à 88

BIBLIOGRAPHIE

Pages 89 à 91

Maxime CHARLES

Notule sur l’idée de sacrement

Pages 92 à 93

Quantité
Rupture de stock

 

Garanties sécurité

Editorial

Le prêtre et nous

Le prêtre est certes un sujet d’actualité. Roman, théâtre, cinéma depuis dix ans y reviennent sans cesse. L’expérience des prêtres-ouvriers l’a introduit dans la presse la plus profane et par le fait même dans toutes les conversations. Les catholiques, qui prennent une part plus active à la vie de l’Eglise, essayent, non sans mal, de se situer par rapport à lui. Parallèlement, le petit nombre de prêtres en face des besoins accrus pose une question pressante.

Qu’est-ce donc que le prêtre ? Quelle est sa place dans le dessein de Dieu ? Quelle est l’attitude chrétienne en face de lui ? Problèmes inéluctables d’une extrême urgence !

Dieu, dans ses rapports avec les hommes, a choisis de passer par d’autres hommes : des médiateurs. Dans l’Ancien Testament, des hommes de Dieu : patriarches, législateurs, juges, rois, prophètes, prêtres, sages sont suscités par la sollicitude divine. Limités et parfois infidèles, l’Esprit de Dieu néanmoins est sur eux, et par eux la vie religieuse du peuple s’affirme.

Mais c’est vers et en Jésus que cette action culmine. En lui elle ouvre une plénitude qui comble en les dépassant tous les efforts antécédents. Il est vraiment le médiateur à un titre unique. Dans l’incarnation Son humanité a été totalement assumée par la personne divine. L’onction de la divinité, pour rester dans le style des anciens hommes de Dieu, l’a pénétré si parfaitement qu’il a mérité de porter de façon exclusive le nom de Christ, c’est-à-dire d’Oint. Dans tous les moments de sa vie, mais essentiellement à l’heure extrême de sa Passion, il offre à Dieu le sacrifice de louange, jonction totale de la liberté créée et de la volonté du Créateur, même à travers la souffrance, conséquence du péché. A l’égard des hommes, il est la Parole parfaite, expression des appels du Père et la source à partir de laquelle ils reçoivent l’Esprit de Dieu dont il est surabondamment rempli. C’est donc par Lui, en Lui et avec Lui que toute relation s’opère éternellement entre Dieu et les hommes.

Son action médiatrice réclamant une présence permanente sur la terre, à travers le temps et l’espace, il y demeure sous la forme sociale d’un corps (son corps mystique) composé de tous ceux qui ont été touchés, retournés, vivifiés par lui au baptême. Par participation au Christ, ils font monter de la terre, à travers leurs multiples activités orientées par la prière, l’accord que Dieu en attend. De sa part, ils sont signes et font signe aux hommes. Sa grâce dilatée en eux les atteints immédiatement.

Parmi eux le Christ a choisi quelques-uns pour qu’ils soient à l’égard de leurs frères, ce que l’ensemble est à l’égard du monde. Au-delà du baptême qui fait profiter tous les fidèles de la médiation du Christ, ces prêtres participent à la réalité médiatrice de Jésus-Christ. En cet état, ils offrent son sacrifice par la célébration eucharistique qui devient ainsi par surcroît le sacrifice des hommes. Ils influent sur les fidèles et ceux qui doivent le devenir, par une parole et par une action divinement assistées, spécialement efficaces dans les sacrements où le Christ passe inéluctablement. Par leur vie, qui Lui est uniquement consacrée, ils signifient aux hommes la nécessité et la possibilité de l’union à Dieu.

Quelle est la raison de cette loi de la médiation ? peut-être est-elle une réponse au délicat problème des rapports de Dieu avec la liberté humaine. La lumière et la puissance divine veulent atteindre l’homme sans l’anéantir, sans le bousculer, sans même le froisser. A travers une humanité intermédiaire, celle du Christ, celle des prêtres, celle de l’Eglise tout entière, elles le touchent de façon plus discrète et plus adaptée. De plus, elles réclament de lui une attitude plus objective ; devant l’altérité, c’est-à-dire la présence concrète du médiateur, l’homme perçoit la réalité du partenaire divin qui, pour répondre merveilleusement à ses propres besoins, n’en est pas pour autant la projection fallacieuse. Seulement, le risque est grand. Hors la réussite extraordinaire de l’unique médiateur Jésus-Christ, les hommes et le peuple de Dieu transmettent mal le signe que Dieu fait aux hommes. Ceux-ci seront toujours tentés d’excuser leur refus sur l’imperfection des moyens de transmission. Mais cette difficulté est elle-même génératrice d’un contact où l’homme a plus sûrement sa place. La grâce qui s’avance par le médiateur le rend capable de discerner à travers les déficiences de la transmission l’intention de Celui qui l’appelle et qui consent, dans son immense amour, à cette humiliation pour mieux le rencontrer.

Prêtres proprement dit ou tous ensemble médiateurs entre Dieu et les hommes, quelle responsabilité ! Comment l’assumer si on ne se situe pas sur un plan de pure, quoique humaine instrumentalité ? D’abord se laisser manier par Dieu. Lui seul sait où il veut aller et par où il veut passer. Sans une grande disponibilité, fruit d’une union exceptionnelle avec Dieu, le médiateur, loin de faciliter la jonction, y fait obstacle. Mais cette union n’est possible que suivant le chemin inauguré par le Christ, celui de la croix. C’est le seul qui conduise entre la liberté pécheresse et Dieu. Le médiateur, néanmoins, dans l’optique de l’Incarnation, doit agir positivement, utiliser les moyens d’influence, construire des communautés spirituelles, s’efforcer d’obtenir un résultat, mais il doit accepter que cet effort soit tout traversé des ruptures qu’y opposent les volontés qui se dressent et les nécessaires subordinations. On n’agit pas à coup sûr sur autrui ; on n’est jamais médiateur seul et l’on est soi-même soumis à d’autres médiateurs. C’est par ces brèches douloureuses d’une activité trop satisfaite d’elle-même, que passe Dieu. Elles sont une occasion de mesurer son extraordinaire condescendance qui désire se servir des hommes alors qu’Il est tout-puissant. Il faut bien que les intermédiaires se rendent compte qu’ils ne sont pas les maîtres. Et puis, il ne faut pas tricher : ne pas amenuiser le but à atteindre, ne pas en détruire le sens ou en rechercher surtout les apparences ; avant tout avancer dans l’union à Dieu, motif et moyen de tout sacerdoce, voir et servir Dieu dans les autres uniquement. Car il n’y a pas d’autre récompense à attendre, mais elle est merveilleuse, que la réalisation de la parole de Jésus à ses apôtres : je ne vous appellerai plus mes serviteurs, mais mes amis.

Le sacerdoce collégial de ceux qui ne sont pas prêtres tire toute sa réalité du sacerdoce des prêtres. Qu’ils l’exercent dans des activités qui, pour être confiées d’abord aux prêtres, n’en sont pas moins pour tous la forme première du sacerdoce, ou qu’ils le prolongent en un domaine plus profane où l’Eglise guide et dirige sans imposer toutes les attitudes concrètes, ils le vivront dans la mesure où ils vénéreront le sacerdoce des prêtres à travers lequel ils s’apparentent à celui de Jésus-Christ. Ils sauront apprécier leur situation, victimes ajoutées à celle de la croix, reconnaître leur très spéciale union au Verbe Incarné, et l’assistance supérieure qu’ils reçoivent de l’Esprit. Ils leur demanderont d’être prêtres, seulement prêtres. Ils leur offriront joyeusement une collaboration hiérarchique dans les choses religieuses. Sans complexe, ils admireront l’œuvre de Dieu en eux et souhaiteront passionnément que ceux qui sont aptes, surtout parmi les plus hautes valeurs humaines, aient assez de générosité pour se laisser entraîner par l’appel exclusif de Dieu.

Maxime CHARLES

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