RESURRECTION 18 (3ème trimestre 1961) : LE MAL ET LA SOUFFRANCE

8,00 €
TTC

SOMMAIRE

Mgr CHARLES

Questions et essais de réponses

Pages 1 à 7

Jean PERRIN

Philosophies d'hier

Pages 8  à 12

Henri FAIVRE

Protestations

Pages 13  à 19

Gabriel MARECHAL

Philosophes d'aujourd'hui

Pages  20 à 30

Guillaume FORESTIER

Dieu est juste !

Pages 31  à 49

Ch. GUYON

Jésus-Christ, vainqueur du mal

Pages 50  à 61

Michel TANOINE

Martyrs et Ascètes

Pages  62 à 73

Jean PERRIN

Saint-Augustin, docteur du problème du mal

Pages 74  à 99

Rémy GILQUIN

Saint-Bernard : La disharmonie vaincue par l'amour

Pages 100  à 114

Louis de LA MANCELLIERE

La concupiscence au XVIe siècle

Pages  115 à 126

Georges WIERUSZ KOWALSKI

La science et le mal

Pages 127  à 137

André BORDEAUX

La poésie du mal et le désert de l'amour

Pages  138 à 143

Jean-Marie ALIX

Bibliographie récente

Pages 144  à 146

Quantité
Rupture de stock

 

Garanties sécurité

148 pages

Sommaire :

Mgr CHARLES

Questions et essais de réponses

Pages 1  à 7

Les éléments de solution que la Révélation apporte au terrible problème de la souffrance sont proposés par « Résurrection » dans l'ordre chronologique de leur divulgation. Néanmoins, pour satisfaire à une instante actualité, il a paru bon de les faire précéder de quelques questions. Les réponses que s'est efforcé d'y donner suggéreront peut-être aussi un ordre de réflexion utile en ce domaine.

1° Pourquoi poser le problème seulement au niveau de l'homme ? Pourquoi essayer d'y engager sa responsabilité et de le résoudre par l'unique histoire de ses relations avec Dieu ? Si la souffrance ne se manifeste que dans les êtres animés, elle ne correspond pas moins à une loi universelle des êtres, tous imparfaits et en transformation, puisque leur subsistance leur développement dépendent de la destruction des uns au profit des autres et que leur évolution même comporte toujours la liquidation des équilibres antérieurs…

  • La souffrance n'est pas seulement la conscience d'une douleur dont, par ailleurs, le rôle positif est incontestable. C'est le scandale d'un esprit qui perçoit une insupportable opposition entre son bien qu'il connaît et qu'il veut et un accident qui l’empêche. Elle suppose une certaine notion de la finalité en général et du destin de l'homme en particulier qui sont de l'ordre métaphysique, ainsi que le prouvent toutes lamentations humaines sur la souffrance.
  • Lire : « La Science et le Mal », par Georges KOWALSKI, p. 127.

2° Si Dieu est le créateur tout-puissant de ce qui existe, comment ne pas le tenir pour responsable de la souffrance ? Même si la créature l’a offensé, convient-il à sa bonté qu'il se soit vengé de si terrible façon ?

  • Dieu ne veut pas la souffrance ; elle lui fait horreur comme un sabotage de son oeuvre. Le péché (mal moral) en est la cause, non pas en ce sens que Dieu le sanctionne d'une punition choisie arbitrairement, mais en ce sens qu'elle en est la conséquence intrinsèque. Dieu seul sait et veut le bien de sa créature. S'écarter de cette sagesse et s'opposer à cette volonté c’est, immanquablement et en vertu du principe de non contradiction, engendrer le désordre est donc la souffrance.
  • Lire : « Dieu est juste », par Guillaume FORESTIER, p. 31.
  • « Saint-Augustin, Docteur du problème du mal », par Jean PERRIN, p. 74.
  • « Saint-Bernard : la disharmonie vaincue par l'amour », par Rémy GILQUIN, p. 100.

3° Comment l'homme peut-il être l'auteur d'un mal qui le dépasse tellement ? Comment sa liberté peut-elle mettre en échec de façon si grave la puissance infinie de Dieu ?

  • Dieu a donné à l'homme la liberté, c'est-à-dire qui lui a délégué quelque chose de sa puissance et l'a élevé au-dessus de la situation de créature pour le faire partenaire de son amour. Conférée à un être qui reste néanmoins créé et donc dépourvu de la perfection divine, cette liberté peut s'égarer loin de la volonté divine dans un refus d'amour. Cet accident en quoi consiste le péché coupe l'homme de Dieu, ébranle son pouvoir sur les déterminismes qui lui étaient soumis, les détourne de leur fin et bouscule leur agencement harmonieux.
  • Lire : « St Augustin, Docteur du problème du mal », par Jean PERRIN, p. 74.
  • « St Bernard : la disharmonie vaincue par l’amour », par Rémy GILQUIN, p. 100.

4° Il ne semble pas que les souffrances correspondent en chaque homme à ses péchés. Méchants à qui tout réussit, bons éprouvés, enfants torturés par la maladie et surtout cette terrible injustice du péché originel qui fait supporter à tous les hommes la punition d'une faute qu'un seul a commise…

  • Les relations entre Dieu et l'homme ne sont pas un dialogue isolé. C'est par l'ensemble des hommes parmi lesquels il est inséré dans le temps et l'espace que chacun est en communication avec Dieu, de telle façon que l'attitude plus ou moins ouverte des uns aide ou gêne les autres. Le péché déclenche donc des solidarités négatives entre les hommes et par eux dans le monde entier, d'où naissent des souffrance sans nombre dans le plus grand désordre.
  • Le péché originel - dont l'étude ne sera pas faite ici - n'est que la première de ces solidarités négatives. Ce n'est ni une faute ni ne punition partagée, mais la situation provisoire dans laquelle sont placés les hommes faits pour Dieu est séparé de Dieu.
  • Lire : « Dieu est juste », par Guillaume FORESTIER, p. 31.
  • « La concupiscence au XVIe siècle », par Louis de LA MANCELLIERE, p. 115.

5° Dieu sait tout et peut tout. Pourquoi, prévoyant les maux qui sortiraient du mauvais usage de la liberté, a-t-il créé l'homme libre ?

  • C’est là le fond du problème ! Dieu a couru le risque de donner la liberté à une créature limitée donc faillible. Mystère de son dessin créateur D On comprend un peu pourquoi, voulant amener d'autres êtres que lui à l'existence, il a voulu aussi les faire rentrer dans le circuit de son amour par une créature intelligente et libre à laquelle il accorderait le privilège de son amitié. Mais pourquoi a-t-il voulu sortir de sa plénitude où rien ne lui manquait et s'embarquer pour cette dangereuse aventure de la création ? Des réponses ont été données, plus philosophiques que théologiques, semble-t-il. Si Dieu, en effet, a révélé les modalités de son dessein créateur, il n'en a pas divulgué la motivation profonde. Comment le pourrait-il sans introduire l'homme, avant l’heure de l'union totale avec lui, dans les profondeurs de cette vie divine dont le mystère d'amour généreux est à peine deviné ici-bas.
  • Ce qui est certain, au contraire, c'est que la création, ayant été voulue par Dieu, est bonne. Le risque valait la peine d'être couru puisqu'il l’a couru. Tout ce que l'homme sait par ailleurs de Dieu le prouve. Il devra attendre néanmoins la fin de l'entreprise pour en faire le bilan et constater expérimentalement quelle manifestation de la puissance et de la bonté divine elle fut.
  • Lire : « Dieu est juste » (surtout Genèse, Job, Sagesse), par Guillaume FORESTIER, p. 31.
  • « St Bernard : la disharmonie vaincue par l’amour », par Rémy GILQUIN, p. 100.

6° Au lieu de spéculer, ne ferait-on pas mieux de travailler au progrès humain, dans l'espoir qu'une meilleure connaissance de l'homme, de ses relations avec les autres, et des autres réalités concrètes, finisse par diminuer et peut-être par éliminer toute souffrance de ce monde ?

  • L’homme d'aujourd'hui, certes, a porté remède à quelques maux particuliers. Néanmoins la bataille est confuse et rien ne laisse prévoir la victoire. Une maladie est éliminée, mais une autre arrive, une injustice sociale est atténuée, mais de grandes épreuves mondiales menacent. Tout se passe comme si chaque déploiement de forces humaines était empoisonné dans sa source et saisi par une intelligence malfaisante désireuse de contrecarrer le déroulement d'un plan bien agencé. C'est qu'il existe en effet une créature de grande classe, mais révoltée, l'Adversaire ou le Démon, qui exerce une influence maléfique sur l'homme à travers toutes ses activités parce qu'il agit sur sa conscience même. Le combat se poursuit au plus profond de l'homme non sans sa participation, mais avec des conséquences qui le dépassent.
  • Lire : « Jésus-Christ, vainqueur du mal », par Ch. GUYON, p. 50.

7° Si l'héroïsme du Christ au milieu de ses souffrances est un exemple encourageant, si sa participation aux souffrances des hommes leur apporte une consolation fraternelle, si sa passion symbolise bien la condition humaine face à l'adversité et manifeste même une certaine pitié divine, qu'apporte-t-elle comme solution à la fois satisfaisante pour l'esprit et pratique pour la vie au problème de la souffrance ?

  • C'est par la Rédemption que Dieu a blessé à mort le péché et par conséquent a déclenché le processus de restauration de l'homme qui doit aboutir à la suppression de toute souffrance.
  • Aucun bien ne pouvant exister en dehors de la volonté divine, le Christ subit les conséquences de l'acte par lequel l'homme s'est opposé à elle, mais par son libre consentement il proclame l'excellence de cette loi et l'innocence de Dieu.
  • La réalisation du dessin de Dieu est ainsi assurée, puisque dans le Christ il obtient la réponse d'amour pour laquelle il a créé la liberté humaine.
  • La solidarité dans laquelle il a établi l'homme joue son rôle négatif dans la passion du Christ qui souffre à cause de leurs péchés, mais son efficience est restaurée de façon positive puisque le Christ devient la tête d'un corps dont les chrétiens sont les membres.
  • C'est le triomphe de la puissance, de la bonté, de l'amour de Dieu dont le déroulement se fait au rythme chaotique des libertés humaines que Dieu veut entraîner, mais dont l'issue n'est pas douteuse.
  • Lire : « Jésus-Christ, vainqueur du mal », par Ch. GUYON, p. 50.
  • « St Augustin, Docteur du problème du mal », par Jean PERRIN, p. 74.
  • « St Bernard : la disharmonie vaincue par l’amour », par Rémy GILQUIN, p. 100.

8° devant la souffrance quelle est l'attitude du Chrétien : cultiver la résignation ou faire face ?

  • la souffrance émeut le Chrétien, elle ne le terrasse pas.
  • Elle ne l'angoisse pas puisqu'il en sait l’origine et en attend la fin avec confiance.
  • Il n'en exagère pas l'importance parce qu'il sait qu'elle n'est pas le mal absolu mais seulement sa conséquence et parfois son remède.
  • Il l’attaque en sa source, le péché, par la force issue de Jésus-Christ. 
  • Il la combat dans sa conséquence, la peine des hommes, selon le commandement du Seigneur et par sa charité.
  • En la supportant librement il goûte l'allégresse de participer à l'oeuvre rédemptrice du Christ.
  • Dans cet exercice il possède quelque chose de cette union à Dieu dont la plus infime expérience soulage toute misère.
  • Il jouit, comme un avant-goût de la résurrection, des guérisons partielles que la rédemption opère des ici-bas.
  • Il sait que son vouloir-être profond correspond à la volonté de Dieu.
  • Lire : « Jésus-Christ, vainqueur du mal », par Ch. GUYON, p. 50.
  • « Martyrs et Ascètes », par Michel TANOINE, p. 62.
  • « St Augustin, Docteur du problème du mal », par Jean PERRIN, p. 74.
  • « St Bernard : la disharmonie vaincue par l’amour », par Rémy GILQUIN, p. 100.

La souffrance est une question que l'homme pose à Dieu. Son intelligence courte, ignorante des mécanismes subtils qui meuvent le monde, braquée sur des expériences individuelles et temporelles, inadéquate au mystère des vouloir divins, s'irrite de ne pas en recevoir la réponse souhaitée.

C'est qu'au contraire, la souffrance est plutôt une question posée à l'homme par Dieu : « Comment te trouves-tu de te refuser à ma volonté ? En ton expérience douloureuse ne découvres-tu pas que je suis ton seul bien et la source de tous les biens ? » Si le péché n'engendrait pas la souffrance, il n'y aurait aucune chance pour l'homme de revenir à Dieu.

De toute façon, la souffrance est la question essentielle qui domine les relations de l'homme avec Dieu. Selon la façon dont on y répond elle éloigne de Dieu ou elle ramène à Dieu. Puisse le Saint-Esprit à travers les pages de « Résurrection » faire son oeuvre de lumière, d'amour et de paix !

Res18
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